Je viens de finir de visionner les 4 saisons de la série Spartacus. Rien ne laissait présager qu’il s’agissait d’une pépite. Pourtant, j’ai été chamboulée, hypnotisée, totalement absorbée par l’univers de cette série péplum.
Si le film du même nom qui traite du soulèvement d’esclaves qui a mené à la Troisième guerre servile de la Rome Antique est très célèbre; la série, quant à elle, est inconnue au bataillon. Je me souviens vaguement avoir vu quelques épisodes de Spartacus, très tard un soir, sur M6 il y a plus de 10 ans. La diffusion a ensuite été suspendue. Je n’ai jamais pu en voir plus car en 2009, il n’y a ni replay, ni streaming (une époque qui ne me manque absolument pas).
J’avais le souvenir d’une série un peu quitch, avec beaucoup de ralentis, des effets spéciaux un peu too much… Mais aussi d’une histoire si prenante, pleine de suspense, et des personnages si profonds, si attachants, que je mourrais d’envie de savoir quel destin ils allaient connaître.
Netflix a exaucé mon souhait en ajoutant Spartacus à son répertoire. Ce qui m’a permis de ne pas passer à côté d’une des séries les plus fascinantes des années 2010.
Spartacus c’est quoi ?
Spartacus est une série péplum. Elle retrace le parcours, très romancé, d’un guerrier Thrace réduit en esclavage qui va se rebeller contre l’oppresseur Romain et enrôler bon nombre d’esclaves dans ce qui fut la Troisième guerre servile.
J’utilise le terme « romancé » car si certains acteurs majeurs de cette guerre ont véritablement existé, leurs histoires d’amour, leurs motivations profondes, leurs péripéties ont soit été totalement inventées, soit elles ne reposent sur aucun document tangible.
Au-delà de la dimension historique, Spartacus est une série sur l’honneur et la fraternité. On assiste à bon nombre de bromances comme on dit (contraction de « brother » et « romance ») entre ces esclaves musclés entraînés à la gladiature dans un ludus afin de se battre dans l’Arène et de donner la mort pour leur gloire personnel (la seule chose qui leur permet d’échapper en quelques sortes à leur condition d’esclave, d’êtres inférieurs) et le plaisir des Romains de tous horizons.
Spartacus traite de l’honneur, d’agir de façon juste, de respecter sa parole, de mort honorable dans l’Arène. Mais, également d’honneur en termes d’apparence, de réputation et de condition sociale. On suit les esclaves dans leur quête de liberté. En parallèle, on suit les Romains sans foi ni loi, toujours soucieux des apparences et cherchant constamment l’élévation sociale.
Âme sensible s’abstenir ! Spartacus est une série interdite aux moins de 16 ans avec de nombreuses scènes de sexe et de violence, très explicites, et un langage plutôt cru.
Adultères, orgies, viols, meurtres, tortures, empoisonnements et combats sanglants au programme.
6 raisons de regarder Spartacus
1. La Poésie
Après avoir dit que c’était une série violente et un peu trash, je te parle maintenant de poésie. Pourtant, c’est bel et bien le cas. L’histoire se tient dans la Rome Antique d’avant J-C. Donc même si de nombreuses phrases sur ponctuées par des « chattes » et des « queues », le registre est plutôt soutenu. Le vocabulaire est varié. Les dialogues sont bien plus poétiques, plus lyriques qu’on ne le pense. C’est très rafraîchissant qu’une série change de registre et bouscule nos habitudes.
Ne jamais sous-estimer le pouvoir d’une phrase bien construite.
2. Le suspense
L’histoire est captivante ! C’est une série où il y a un maximum de rebondissements et de machinations. Si bien qu’on ne peut jamais anticiper le prochain mauvais coût. Les personnages sont très souvent malmenés. On vit leur calvaire avec eux et on a hâte de voir la vérité révélée.
3. Le thèmes abordés
En plus de l’honneur et de l’ambition, Spartacus aborde la servitude. La série met en lumière les conditions de vie de ces être jugés inférieurs alors qu’il n’en est rien. Leur vie, leurs sentiments n’ont aucune valeur. Leur existence est dédiée à la satisfaction des romains qui les possèdent.
On constate également une certaine forme de discrimination. Tout le peuple romain, coupable ou non de mauvais traitements est la cible de Spartacus et ses compères qui ont parfois beaucoup de mal à contenir leur rage. C’est la loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent.
Dans la saison 4 lorsque Marcus Crassus affronte Spartacus il dit regretter qu’il ne soit pas né Romain car il aurait combattu à ses côtés, dans les troupes de la République. Plus tôt, Spartacus s’éprend d’une ancienne notable romaine, Laeta. Avant qu’ils n’entament leurs ébats, il la met en garde en lui disant qu’elle est romaine et qu’elle n’aura donc jamais son cœur.
Mais l’aspect de la série qui me plaît le plus, c’est la bromance. Ces relations amoureuses amicales si fortes, pour lesquelles ils sont prêts à tout sacrifier et à tout entreprendre. Spartacus est davantage une bromance qu’une série péplum. C’est ce qui te tient en haleine jusqu’au bout de la saison 4.
4. Une série gay friendly
La série jouit d’une grande ouverture d’esprit en ce qui concerne l’homosexualité. Chose à laquelle on ne s’attend pas. Lorsque l’on pense « série de gladiateurs », on se dit que l’on va avoir droit à une hypermasculinité toxique. Pourtant ce n’est pas le cas. Ou plutôt, disons que c’est bien dosé. Bien sûr, ce sont des guerriers fiers de leur stature… Mais nous avons droit à quelques romances homosexuelles avec des personnages centraux qui naissent aussi naturellement que les romances hétérosexuelles. Elles ne sont pas soumises au feu des critiques ou des questionnements de la part d’autres personnages. Contrairement à d’autres séries des années 2010. L’hypermasculinité est également mise à mal grâce aux personnages féminins qui ne sont pas laissés de côté et font leur propre place.
5. Mise en avant du statut de la femme dans l’Antiquité
La femme qu’elle soit romaine ou non est une esclave comme les autres. Elle est soumise à la volonté d’hommes plus forts, plus fortunés ou mieux nés. En définitive, elle n’a pas beaucoup d’options pour sortir de sa condition. Les parcours des personnages féminins de Spartacus sont intéressants.
Mira
Mira est la catin de la Maison Battiatus. Après la révolte, elle va chercher à s’émanciper pour ne pas être considérée comme la femme de Spartacus. D’une part, parce que Spartacus n’aime que sa défunte épouse, Sura. D’autre part, parce qu’elle déteste qu’on pense qu’elle achète la protection de Spartacus grâce à ses charmes. Elle veut combattre, s’en sortir par elle-même et pousser les autres esclaves féminines à faire de même.
Naevia
Naevia est la douce esclave personnelle de Lucretia. Lorsque sa relation interdite avec le gladiateur Crixus est révélée par le vil Ashour, elle est battue, rasée, répudiée de la Maison Battiatus. Quintus et Lucretia la font passer de villa en villa. Elle devient l’objet sexuel des nobles romains à leur tête. Après la chute de la Maison Battiatus, Crixus retrouve Naevia en piteux état dans les mines, condamnée à creuser. Une fois libérée, Naevia reprend peu à peu le dessus. Elle apprend l’art du combat et devient une redoutable guerrière. Elle participe aux batailles occupant la même place qu’un homme.
Ilithiya, Lucretia et Laeta
Les esclaves féminines sont au premier plan mais femmes romaines ne sont pas en reste. Leurs « calvaire » est lui-aussi représenté. Lucretia est très intelligente et dévouée à son époux Quintus. Elle met en place de puissants stratagèmes afin d’assurer la gloire et la prospérité de la Maison Battiatus. Si Quintus l’avait plus souvent écoutée au lieu de n’écouter que sa soif de pouvoir, il aurait évité bien des problèmes. Une fois veuve, Lucretia est en proie aux mêmes sévices qu’elle infligeait naguère. Ses conditions de vie et sa vie elle-même sont soumises à la même précarité que celles des esclaves.
Iliythia est une peste qui n’hésite pas à avoir recours au meurtre pour sauver sa situation.
Laeta, veuve de l’Édile de Sinuessa en Valle, est répudiée par Rome. Sa faute ? Avoir négocié avec Spartacus afin de protéger les siens. Elle est alors confiée à un pirate Cilicien qui la marque au fer rouge pour afficher sa possession. Ainsi, elle passe de l’autre côté de la barrière et perçoit un dixième de la souffrance quotidienne des esclaves.
6. Une série qui fait réfléchir
Spartacus est une série aux images parfois dures qui ne peut pas laisser indifférent. Quand on pense aux atrocités perpétrées sous prétexte de divertissement, de préservation du statu quo ou simplement de pouvoir, on ne peut pas rester de marbre. De même lorsque l’on pense qu’il y a eu des milliers de morts lors des guerres serviles et que l’esclavage n’a été aboli que bien plus tard. Cette série nous rappelle l’importance de la liberté. L’importance de pouvoir disposer de son corps, d’avoir une bonne qualité de vie et de la valeur de la vie elle-même. Plus largement, elle réaffirme la nécessité d’agir pour le bien de tous et pas seulement pour le confort de certains.
Si tu as tenu jusqu’ici et que mes explications t’ont mis l’eau à la bouche, je te propose un petit résumé de ce qui t’attend saison par saison.
Synopsis de Spartacus saison par saison
Saison 1 : Le sang des gladiateurs
On rencontre Spartacus avant qu’on ne le nomme ainsi, lorsqu’il était encore un fier et noble guerrier Thrace profondément amoureux de sa femme, Sura. Rome fait appel au peuple Thrace afin d’obtenir de la main d’oeuvre dans sa guerre contre les Grecques. Le peuple Thrace accepte, pensant se protéger d’un ennemi commun. Pourtant lorsque les villages thraces sont pris pour cible, Rome ne leur vient pas en aide. Spartacus et ses compères désertent afin de sauver les leurs et provoquent ainsi la colère du Lega Gaius Claudius Glaber. Ce dernier les retrouvera et les condamnera à mourir dans l’Arène de la Cité de Capoue, pour l’exemple et soigner son honneur blessé.
Spartacus combat avec brio dans l’Arène et obtient la clémence de la foule. Il est repéré par Quintus Lentulus Battiatus, laniste, qui propose pour satisfaire la foule en le prenant dans son ludus afin de lui enseigner la gladiature. Tandis que Glaber et son épouse bien née, Iliythia, ne rêvent que de voir mourir celui qui a bafoué leur honneur et provoqué leur défaite.
Laniste
acheteur, entraîneur et propriétaire de gladiateurs dans la Rome Antique
Battiatus le nomme alors « Spartacus » en référence au Prince Thrace disparru du même nom . Spartacus découvre les us et coutumes des gladiateurs, les notions d’honneur du gladiateur et de fraternité à laquelle il va se montrer réfractaire. Il rencontre Oenomaus, le Doctore, et Crixus, le champion de la Maison, animés seulement par la gloire de l’Arène quand lui ne rêve que de retrouver sa liberté.
Spartacus devient Spartacus
Spartacus refuse de donner la mort pour le seul plaisir des Romains. Battiatus lui promet alors de retrouver sa femme, Sura, en échange de combats victorieux. Glaber l’a, elle-aussi, réduite en esclavage et expédiée en Syrie. Spartacus se plie aux ordres de Battiatus et décide de s’évader dès que son épouse lui sera ramenée. Sa détermination est telle qu’il prend la place de champion de Capoue, occupée par Crixus, en terrassant L’Ombre de la Mort, Theokoles. Un ennemis que ni Crixus, ni Oenomaus, n’ont réussi à vaincre. Battiatus doit tenir parole et réunir Spartacus et sa femme. Mais il ne compte pas se séparer de son nouveau champion et de sa rage de vaincre pour autant. Le jour venu, Sura est assassinée. Spartacus désemparé, fait une croix sur sa vie d’avant. Il embrace son avenir de gladiateur et se voue corps et âme à son maître, son dominus, Battiatus.
Les prémisses de la révolte
Pour Iliythia, la souffrance de Spartacus ne suffit pas. Elle veut le voir mort et charge, en vain, un gladiateur de l’assassiner. Lucretia n’est pas dupe et souhaite se venger de l’affront ainsi que de toutes les autres brimades qu’elle subit de sa part. Lucretia a un rang inféireur et Iliythia ne manque jamais une occasion de le lui rappeler. Le stratagème de Lucretia a une fin sanglante inattendue et attise la colère d’Iliythia envers Spartacus. En manipulant un jeune romain elle réussi a faire en sorte que Spartacus tue le seul gladiateur qu’il considère vraiment comme son frère, Varro. Une mort qui va perturber Spartacus et lui permettre d’en savoir plus sur les circonstances du décès de sa femme. La vérité dévoilée, Spartacus n’a qu’une idée en tête : laisser libre cours à sa fureur en anéantissant la Maison Battiatus.
Saison 2 : Les Dieux de l’Arène
La saison 2 ne ressemble pas du tout à ce à quoi on peut s’attendre. Et pour cause, l’acteur qui incarne Spartacus, Andy Whitfield, doit subir un traitement lourd pour éradiquer son lymphome. On fait alors un saut dans le passé, à une époque où Spartacus est toujours en Thrace, où Oenomaus est encore gladiateur et où le champion n’est pas Crixus mais un certain Gannicus.
L’histoire se concentre sur l’ascension sociale de Battiatus et de son épouse Lucrecia. Ensemble, ils souhaitent faire de la Maison Battiatus un ludus incontournable et se hisser parmi les plus hautes sphères de Rome. L’objectif: participer aux jeux d’inauguration de la nouvelle arène de Capoue. Ils sont prêts à tout pour satisfaire les notables romains qui croisent leur route et s’attirer leurs faveurs, au détriment du bien-être de leurs esclaves cela va s’en dire.
Nouvelles têtes d’affiche
Cette saison nous sommes confrontés à un Oenomaus qui n’a pas combattu depuis sa défaite cuisante face à Theokoles. Il ne rêve que d’une chose : retrouver son honneur de gladiateur en retournant dans l’Arène. Crixus et sa rage de vaincre ont été répérés par Battiatus au marché. C’est ainsi qu’il commence sa formation au ludus. Il n’a qu’un objectif prendre la place de champion de Gannicus.
Cette saison peut sembler un peu décevante au premier abord. Pourtant, il n’en est rien. C’est l’occasion d’en savoir plus sur la psychologie de Battiatus et de Lucrecia et de mettre à l’honneur des personnages tout aussi profonds et marquants que Spartacus. La saison 2 résoud bien des mystères. Pourquoi Ashour ne sera jamais considéré comme un frère par les autres gladiateurs? A quoi ressemblaient les premiers pas de Crixus au ludus ? Qui était Oenomaus avant de devenir Doctore ? Pourquoi est-il si attaché à l’honneur et à sa servitude ?
Nous avons également droit à des histoires d’amour: la bromance entre Oenomaus et Gannicus, la plus belle bromance de la série; la relation secrète entre Gannicus et la femme d’Oenomaus, Melitta, et sa fin tragique.
Saison 3 : Vengeance
Le temps reprends son cours. Nous sommes plusieurs semaines après la révolte dans la Maison Battiatus et le massacre qui a suivi.
Un nouveau Spartacus
Liam McIntyre interprète dorénavant le rôle de Spartacus. Après un premier traitement réussi, le lymphome d’Andy Whitfield a récidivé. L’acteur de 39 ans est mort avant la diffusion du premier épisode de la saison 3. Même si Liam McIntyre est très bon et qu’il va, au fil de la saison, totalement s’approprier le personnage de Spartacus, l’absence d’Andy Whitfield se fait sentir dans les premiers épisodes.
De son côté, Oenomaus est en pleine crise existentielle. Il ne s’est pas interposé entre les rebelles de Spartacus et les Romains massacrés, mais il n’a pas rejoint la cause pour autant. Il erre seul à la recherche de son honneur perdu souhaitant presque y perdre la vie.
Des bromances mises à l’épreuve
C’est dans cette saison que des liens de fraternité forts vont se tisser entre Crixus et Spartacus. Crixus lui est reconnaissant de lui avoir ouvert les yeux sur la servitude. Spartacus va tout mettre en œuvre pour rendre son amour perdu à Crixus puis pour lui sauver la vie une fois entre les main d’Ashour et de Glaber. La saison 3 marque le retour de Gannicus qui revient dans l’Arène alors qu’il y a gagné sa liberté des années auparavant. L’occasion pour Oenomaus de régler ses comptes avec lui.
Saison 4 : la guerre des damnés
Amateur de happy ends, je te conseille de t’en tenir à la saison 3. Même si plusieurs personnages y ont trouvé la mort, le bilan est plutôt positif. Spartacus a tué Glaber. Iliythia et Lucretia ont trouvé une fin tragique. Oenomaus à accordé son pardon à Gannicus. Naevia s’est vengée de celui qui lui a fait le plus de mal. Et les troupes de Spartacus, quoique désavantagées, sont sorties victorieuses de la bataille du Vésuve.
Dénouement tragique
La saison 4 elle, ne présage rien de bon. Déjà par son titre: « la guerre des damnés ». Ensuite par ce que l’Histoire en a dit. La Troisième guerre servile à eu lieu de 73 à 71 av J-C et se conclut par la victoire des troupes romaines commandées par Marcus Licinus Crassus. Spartacus et les siens vont, pour la plupart, périr au combat ou bien des suites d’affreuses tortures. Même si la Troisième guerre servile n’a pas réussi à mettre fin à l’esclavage et a permis l’avènement politique de Crassus et Pompée, elle a sérieusement ébranlée la République Romaine et précipitée sa chute.
Personnellement, c’est le coeur lourd que j’ai entamé cette saison 4. Mais je ne pouvais pas m’arrêter à la saison 3 sans savoir ce qu’il allait vraiment advenir de nos héros. Je ne ferais ici aucun spoil. Tout ce que je puis dire c’est que le suspense est toujours au rendez-vous. Et, si la mort est le destin de Spartacus, Crixus, Gannicus et ceux qui les ont rejoint, elle fut atteinte avec gloire et honneur.
Tu l’auras compris, s’il y a une série Netflix sur laquelle tu ne dois pas faire l’impasse, c’est bien Spartacus.