A tous les potes qui ont consacré 1h de leur temps à prendre des centaines de photos de moi pour n’en voir qu’une seule postée sur les réseaux : merci… et pardon. Aux 5000 Unposted qui dorment sur mon disque dur : I’m ready now !
Le regret domine
2025, en ce qui me concerne, s’annonce comme l’année du passage à l’action. D’ailleurs, je l’ai déjà entrepris ! Mais, par voie de conséquence, c’est également l’année de l’état des lieux.
Eh bien, le premier sentiment qui survient lorsque je regarde en arrière, c’est le regret. Le regret de ne jamais y être allée à fond. Le regret d’avoir eu peur de tout et d’avoir donné de l’importance à n’importe quoi.
La perfection sinon rien
J’ai toujours cherché LE petit défaut, LE détail pour rebrousser chemin. En étant persuadée que je faisais le bon choix en ne postant rien vu que ce n’était pas parfait.
L’apparente tranquillité d’esprit procurée par le fait de ne pas m’être présentée au monde avec quelque chose d’imparfait me réconfortait. Cela valait mieux que de poster quelque chose de nul et m’exposer à la possibilité que quelqu’un me dise que c’était effectivement nul.
Les rares fois où j’allais au bout de mes ambitions, j’étais particulièrement silencieuse. Je ne voulais pas qu’on me remarque. En fait, je ne voulais pas qu’on ait quoi que ce soit à dire de blessant à mon sujet. Je ne voulais pas qu’on puisse dire quoi que ce soit de méchant sur ces projets qui me tenaient à coeur. Et qui, pour un public non averti, pouvaient sembler ridicules.
Le blog : sortie de zone de confort tardive
Le blog en est l’exemple parfait ! Je l’ai lancé fin 2016 alors que j’en rêvais depuis 2003. Et à chaque nouveau post, j’en parlais à peine, ou je le mentionnais en chuchotant.
Pendant très longtemps, à chaque fois que je postais ici ou bien sur les réseaux, je ressentais la même gêne que lorsque la prof lit ton devoir pour le montrer en exemple. Ou pour le descendre, au choix.
La même sensation que lorsque tu dois aller au tableau faire ton exposé. Tu anticipes les rires, les bâillements, les moqueries, les regards désapprobateurs, les conversations en fond sonore… et tu fais une performance merdique parce que tu es focalisée sur le fait d’en faire le moins possible afin que personne n’ait quoi que ce soit à redire.
Je crois que c’est ce qui se passe lorsque tu sais au fond de toi que le public n’est pas acquis et qu’il y a plus de chances pour qu’il soit contre toi qu’avec toi.
Passer à côté de sa vie
J’en parlais en détail dans cet article, ou encore celui-ci, je suis très contente des changements qui se sont opérés chez moi au fil des années. Cependant, en bon signe de feu, je suis déçue qu’il m’ait fallu autant de temps. Je suis également déçue qu’aujourd’hui encore, ce soit parfois compliqué.
J’ai constamment douté de moi-même. Je ne me suis jamais sentie à ma place, quand j’aurais dû faire ma place quoi qu’il m’en coûte. Je ne me suis jamais sentie légitime pour la plupart de mes rêves. D’ailleurs, si je suis honnête, je crois que je ne me suis jamais donné les moyens de mes ambitions.
Comment ai-je pu toujours faire en sortes d’être la plus effacée possible, la plus invisible, quand je rêvais d’occuper le devant de la scène ?
5000 photos Unposted ?!
J’ai fait un tour dans mes différents albums photos et c’est l’incompréhension totale ! Je regarde toutes ces photos et je réalise que seulement une poignée d’entres elles sont en ligne. Je me souviens à quel point je me trouvais moche et grosse sur la plupart.
Trop grosse, trop moche, trop inintéressante
Oui, certaines sont ratées. Mais rien de dramatique.
Je revois celles que je n’ai jamais postées parce qu’on voyait trop mon acné (en générale, je ne retouche que la lumière et les couleurs) et que je me dis qu’aujourd’hui, je les posterais sans problème parce qu’elles n’étaient pas si horribles que ça. Et aussi parce que je m’en fiche, mais ça, on va y revenir.
Quant au poids… MDR. Une partie de moi se demande pourquoi je ne passais pas mon temps en crop top et mini jupe. Non, mieux, en bikini tout simplement. Pourquoi mon dressing comptait autant de pièces taille 40, alors que ce n’était clairement pas ma taille (à l’époque) ? Cela reste un mystère.
Une partie de moi se demande également comment je n’ai pas pu voir que sur certaines d’entres elles (2018-2019), je suis bien trop mince et que quelque chose clochait…
Définir sa valeur en fonction des Autres
Pendant ce petit voyage au pays des souvenirs, j’ai aussi constaté que sur 2023-2024, j’avais extrêmement peu de photos comparé aux années précédentes. C’est la période où j’ai pris le plus de poids, où mon acné a fait son grand retour et où j’étais complètement perdue. Je ne savais pas trop ce que j’allais faire de ma vie. Mes rêves étaient-ils légitimes et atteignables, ou est-ce moi qui n’étais pas digne d’eux ?
Avec mon oeil d’aujourd’hui, je trouve ça dommage d’avoir mis de côté une activité qui me plaisait juste parce que je pensais que je n’étais pas assez bien pour les Autres.
Making memories
Mais le plus dommage c’est que je n’ai pas vraiment de souvenirs de cette période.
Parce que si de l’extérieur, prendre des photos de soi (ou les faire prendre par d’autres, n’est-ce pas Julie, Théo, Fiammetta et Maureen) peut sembler un peu narcissique, ce n’est pas le cas.
Le shooting qu’on a fait ensemble n’est qu’un détail. Moi, je me souviens du restaurant où nous sommes allés déjeuner. Je me souviens de ce qu’on s’est raconté ce jour-là, de l’endroit où nous nous sommes baladés…
Je me souviens également de mon état d’esprit du moment, de ce à quoi ressemblaient ma vie et mon quotidien à cet instant. Ça peut paraître bête mais moi je trouve ça précieux. C’est une opportunité de constater le chemin parcouru. C’est ça aussi le pouvoir de la photo. Il ne s’agit pas seulement de paraître.
No more » Unposted »
Pour cette année 2025 et depuis le mois de janvier, j’adopte une nouvelle approche.
Je me suis souvenue de la bio Instagram de Chiara Ferragni à la grande époque. Ma série d’articles sur Chiara Ferragni est toujours en brouillon. Sujet extrêmement dense. Trop de sentiments contraires !
Sa bio disait (si je ne me trompe) : “Love Fiercely and don’t forget to stop along the way to take photos”.
Quand je l’ai lu à l’époque, en bonne communicante, je l’ai trouvé très bonne. Et le fait qu’elle me soit revenue en mémoire des années plus tard le confirme. Mais ce n’est que maintenant que je l’appréhende correctement.
Take me for what I am, who I was meant to be
Il ne s’agit pas seulement de prendre des photos pour pouvoir montrer aux gens ce que tu fais et ce à quoi tu ressembles. Il s’agit de de se fabriquer des souvenirs et d’être en capacité de se raconter soi-même.
“Se raconter” et non pas “se la raconter”… quoique. Je crois qu’en ces premiers mois de 2025, j’ai compris l’importance de se montrer un peu narcissique.
On m’a fait remarquer la redondance de rajouter “soi-même” quand il y a déjà “se” devant le verbe. Coucou Marine si tu passes par-là ;). Mais en l’occurrence, je l’ai fait en toute connaissance de cause. Il s’agit d’appuyer le fait de ne pas laisser l’opportunité aux Autres de raconter ton histoire, à ta place. Et, par extension, de ne pas laisser leur jugement avoir un impact sur ton histoire et remplacer ta propre voix.
Mon astuce pour un regard plus doux sur soi-même
Alors, en 2025 je vais diminuer le nombre de photos Unposted. C’est la grande liquidation.
Je vais aussi prendre un maximum de nouveaux clichés. Même si la mémoire de mon téléphone est pleine toutes les semaines.
En 2025, je vais prendre des photos seule ou accompagnée. Le retour des selfies so 2010, a sonné. Bon, on va peut-être éviter la duck face.
Le principal c’est surtout de ne pas juger ces photos à l’instant T. Il faut les laisser mariner un jour ou deux. Et les prendre pour ce qu’elles sont. Sans chercher la perfection. Sans anticiper les méchancetés qui pourraient être dîtes dessus.
Si je me la jouais Chiara Ferragni et que je transformais cela en mantra, ça donnerait ceci :
Be the narcissic they think you are
The next version of yourself is already in love with the current version of you
Take a lot of pictures, if they give a damn you win
Pas assez vendeur ? Oui je sais. N’est pas Chiara Ferragni qui veut ^^.
Je bosse dessus et on s’en reparle.