J’aurais pu intituler cet article « Devil wears Bleu Cerulean » pour que le clin d’œil au Diable s’habille en Prada soit parfait. Pourtant, quelque chose me dit que même dans un monde parallèle Miranda Priestly n’aurait pas validé cette couleur. Mais s’il y en a bien une qui aurait pu avoir son approbation, c’est le bleu Klein. Démonstration !
Quand le bleu céruléen passe à la postérité
Le Diable s’habille en Prada est l’un de mes films préférés. Sans exagération, aucune, il fait partie de ces films que je pourrais regarder chaque soir avant de m’endormir. Il recèle de scènes mythiques qui, même 15 ans après la sortie du film, continuent de façonner la vision du monde de la mode du commun des mortels. Je pense notamment à cette scène où Anne Hathaway se fait littéralement atomiser par Meryl Streep. Un petit rire étouffé au sujet de deux ceintures plus ou moins identiques a donné naissance à une leçon de mode d’anthologie sur le bleu céruléen. Bien que l’historique sur le bleu céruléen donné dans le monologue soit complètement faux, il a :
- Pointé du doigt la domination de la fashion industry
- Propulsée sur le devant de la scène une couleur de niche
- Rangé le bleu céruléen dans la catégorie des couleurs has been
Les punchlines de Miranda
Je vois : vous croyez que tout ça n’a rien à voir avec vous. Vous regardez dans votre placard, et vous choisissez, tenez ce pauvre vieux pull-over par exemple parce que vous voulez signifier aux autres que vous vous prenez trop au sérieux pour vous intéresser aux vêtements que vous devez mettre. Mais ce que vous ignorez c’est que ce pull n’est pas simplement bleu, il n’est pas turquoise, il n’est pas lapis, en fait il est bleu céruléen.
Et vous êtes aussi parfaitement inconsciente du fait qu’en 2002, Oscar de la Renta a créé une collection de robes bleu céruléen et je crois que c’est Yves Saint-Laurent n’est-ce pas qui a créé les vestes militaires bleu céruléen… ensuite le bleu céruléen est vite apparu dans les collections de huit différents stylistes et puis la tendance a influencé la plupart des grands magasins et puis s’est répandue dans les boutiques bon marché dans des sinistres endroits où vous avez sans doute repêché le vôtre dans un grand bac de pulls soldés.
Bref ce bleu céruléen représente des millions de dollars et un nombre incalculable d’emplois et je trouve assez amusant que vous pensiez avoir fait un choix qui n’a pas été dicté par l’industrie de la mode alors qu’en fait vous portez un vêtement qui a été choisi pour vous par les personnes qui se trouvent dans ce bureau au milieu d’un tas de fringues. (retranscription approximative)
Le problème du bleu céruléen
Le bleu céruléen a connu ses quelques minutes de gloire grâce à ce monologue. Cela n’a pas suffi à faire de lui la nuance de bleu la plus bankable. C’est un bleu ciel qui tire vers le vert ou le gris perlé, qui ne sied pas à toutes les carnations et dont le rendu donne un aspect terne, délavé, voire quelque peu vieillot. Il n’y a qu’à voir l’allure d’Anne Hathaway lorsqu’elle porte ce fameux pull. Moi, je préfère les couleur plus intense et expressive. A ce titre, le bleu le plus bankable est pour moi le bleu Klein. Et je pense que le Diable serait d’accord avec moi.
La petite histoire du bleu Klein
Le bleu Klein, ou l’International Klein Blue (IKB), est un procédé créé en 1956 et déposé en 1960 par l’artiste plasticien français Yves Klein. Il s’agit d’un procédé qui associe le pigment bleu outremer à un médium fixatif, la résine synthétique, avant de le déposer sur un objet. Klein travaillait notamment sur le monochrome et voyait dans son Bleu « la plus parfaite expression du bleu », symbole de la matérialisation de la sensibilité, rappelant « ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible ».
Le bleu Klein désigne à l’origine un procédé technique ainsi qu’une prise de position artistique. C’est une appellation protégée que, légalement, les marques ne peuvent utiliser à leur guise. Néanmoins, à l’instar du Bleu Majorelle, il est courant de l’utiliser dans la sphère privée afin de catégoriser une nuance de bleu. C’est ce que je fais aujourd’hui en te présentant mon pull. Un pull bleu, que j’intronise moi-même bleu Klein, shoppé chez Reiko pendant les soldes.
Le bleu Klein : le bleu qu’il nous faut
Comme le laissais suggérer ma wishlist spéciale soldes d’hiver, j’ai profité des réductions pour faire quelques emplettes. A cette occasion, j’ai découvert la marque Reiko. Elle n’a pas encore été référencée sur Clear Fashion. Je ne sais donc pas si elle correspond à mes nouveaux engagements en termes de consommation. J’ai tout de même pris le risque. Et, comme j’ai décidé de ne pas faire de nouvel achat mode avant le mois de juillet, je me suis dit que je pouvais me le permettre.
Franchement, je suis loin d’être déçue ! J’ai fait de sacrées bonnes affaires ! A commencer par ce pull. La couleur m’a immédiatement hypnotisée. Je suis parfaitement d’accord avec la définition d’Yves Klein à son sujet. C’est difficile à expliquer avec des mots mais je comprends parfaitement ce qu’il voulait dire en parlant de matérialisation de la sensibilité. C’est une nuance forte, avec du caractère, chaude et froide à la fois.
Mon nouveau must-have
Je ne sais pas pourquoi mais je n’avais pas de bleu Klein dans mon dressing. Cet achat me sort totalement de ma zone de confort. Dans le même temps, il poursuit ce que j’ai entamé avec le look Madame : me tourner sans le vouloir vers un style plus adulte. Lorsque je regarde ce pull, les expressions « un rien m’habille » ou « less is more » me viennent à l’esprit. Sans doute car, de par sa couleur, il se suffit à lui-même, égaie n’importe quelle tenue. Sa coupe en fait également un bon basic. Ni trop fin, ni trop épais, il ne se cantonne pas à une seule saison. On peut le porter devant-derrière. Là, je porte le derrière, un effet cache-cœur relativement décolleté. L’étiquette ne gêne pas puisqu’elle est hyper discrète, située près du ventre mais pas en contact avec la peau. L’avant a un col large et arrondi plus passe-partout.
Enfin, le pull est composé à 56% d’angora. Cela qui le rend très agréable à porter même si la laine se dépose un peu partout. On sent que c’est de la qualité. Je vois clairement la différence avec le pas très quali mais néanmoins joli pull moutarde Stradivarius. Son seul défaut est d’être un peu court à mon goût.
J’aime tellement ce pull qu’il fallait que je lui consacre un article entier. En plus, quand l’inspiration se pointe, et Dieu sait qu’elle peut se faire rare, autant en profiter. Dans de prochains articles, je te dévoilerai mes autres achats Reiko. Je te parlerai plus en détails des autres pièces de ce look-ci. Notamment cette petite beauté à mon épaule.